Enfance et vie scolaire 27/02/2014

Créer 10 000 solutions de garde d’enfants

candidats-photo-Kosciusko-Morizet

Nathalie
Kosciusko-Morizet (UMP)

3/5précision de la proposition
  • COÛT SUR LE MANDAT
    480,0
  • MAX570,0 MIN210,0
  • 3/5 fiabilité du chiffrage

PROPOSITION

Créer 10 000 solutions de garde d'enfants par la construction de places de crèche, de halte-garderie mais aussi en développant la garde à domicile et en soutenant les associations

ARGUMENTAIRE DU CANDIDAT

Je créerai 10 000 solutions de garde supplémentaires au cours de la mandature, à la fois en crèche et chez des assistantes maternelles. Non seulement la création de crèches collectives municipales sera amplifiée, mais nous innoverons en créant des micro-crèches dans les établissements sous responsabilité municipale. Comment expliquer aux parents que le manque de places en crèches est un problème de foncier, alors qu’ils constatent tous les jours que certains bâtiments publics sont sous-utilisés, voire vacants ? Le quart des équipements scolaires parisiens sont ainsi surdimensionnés, et donc sous-utilisés. La Chambre régionale des comptes d’Ile de France a fait le calcul : cet excédent équivaut à 31 écoles de 10 classes !

Site de campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet

CHIFFRAGE

Nathalie Kosciusko-Morizet propose de créer 10 000 nouvelles solutions d’accueil pour les jeunes enfants, réparties, selon les échanges avec la candidate, entre 6 000 nouvelles places de crèche et 4 000 places supplémentaires de garde à domicile. Le coût total des mesures proposées, sur la durée de la mandature, est évalué à 480 M€ :

  • sur la base des investissements effectués durant la précédente mandature (création de 4 500 places de crèches), la proposition de créer 6 000 places de crèches supplémentaires peut être évaluée à 457 M€ de nouveaux investissements en cumulé sur la prochaine mandature. Selon ces hypothèses, cette proposition entraînerait une hausse d’un tiers des dépenses d’investissement pour les crèches (hors coûts de fonctionnement) ;
  • la création de 4 000 places supplémentaires pour la garde à domicile résulterait, selon la candidate, de l’élargissement de l’accès à l’allocation Paris Petit à domicile (PAPADO), prestation d’aide sociale municipale versée sous conditions de ressources aux familles qui font garder à domicile un enfant de moins de trois ans. Si l’on considère que le montant moyen par famille de cette prestation demeurerait constant, le coût annuel supplémentaire s’établirait à 3,9 M€, soit 23,4 M€ au total sur la mandature. Ce montant est un minorant, dans la mesure où la candidate a par ailleurs déclaré qu’elle souhaitait revaloriser cette prestation, en plus d’en élargir l’accès.

DÉTAIL

La candidate propose de créer 10 000 solutions supplémentaires de garde d’enfants, qui se répartiront entre 6 000 places supplémentaires en crèches et 4000 places supplémentaires auprès d’assistantes maternelles. Ces deux volets de la proposition doivent être chiffrés séparément.

Création de 6000 places en crèche
 

Pour ce qui concerne, en premier lieu, la création de 6 000 places en crèches supplémentaires, le chiffrage de la proposition s’effectue sur la base de comparables qui permettent d’estimer le coût :

  • Éléments comparables : La Cour des comptes a évalué le coût moyen de création d’une place en crèche en Ile-de-France à 30 422 € 1. L’analyse des comptes administratifs et des rapports financiers de la ville de Paris entre 2008 et 2012 fait toutefois apparaître un coût moyen à Paris très supérieur (76 209 € par place de crèche en moyenne 2, le montant varie en fonction des caractéristiques des projets et des années de référence), qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs: le prix du foncier parisien, le type de crèches mises en place (horaires étendus, taille de la crèche, etc.). Il faut noter que ce coût correspond à une hypothèse sur la base des coûts constatés, cette prudence est justifiée par l’évolution structurellement à la hausse des coûts de construction 3. Il faut préciser que plus le nombre de places proposé par la crèche collective augmente, plus le coût lié à la place peut diminuer.
  • Estimation du coût : Sur la base de ces estimations, le coût de la proposition peut être estimé entre 183 M€ (chiffrage de la Cour des comptes pour l’Ile de France) et 548 M€ (année la plus onéreuse constatée dans les comptes de la ville). Le montant de 457 M€, qui correspond au coût moyen constaté sur l’ensemble de la mandature précédente, est proposé pour notre chiffrage, délibérément conservateur.


Cet engagement conduit à la création de places en crèche sur un rythme supérieur à celui constaté au cours de la précédente mandature, qui projetait la construction de 4 500 places. Il conduirait donc assez mécaniquement une augmentation de l’ordre d’un tiers du budget d’investissement du fait de cet engagement prioritaire. Le coût de la mesure pourrait toutefois être révisé à la baisse en fonction du type de crèche.

La création de crèches donne par ailleurs lieu à des coûts récurrents de fonctionnement. Ce coût de fonctionnement des crèches n’est pas pris en charge intégralement par les familles mais peut donner lieu, outre les subventions classiques notamment des caisses d’allocations familiales, à des coûts de fonctionnement pour la ville (crèches en régie directe) ou à des subventions de la ville aux associations.

En 2012, le budget consacré par la municipalité aux dispositifs d’accueil collectif des enfants de moins de 3 ans s’élevait à 375 M€ pour 31 939 places 4, ce qui revient à un coût de fonctionnement moyen par place de 11 726 €. Sous ces hypothèses, la création de 6 000 places de crèches pourrait mécaniquement donc induire des coûts de fonctionnement annuels de l’ordre de 70 M€, en rythme de croisière après la livraison des nouvelles places de crèches. En fonction des choix de crèches (régie directe, subventions), ce montant pourrait être revu à la baisse ou à la hausse.


Création de 4 000 autres solutions d’accueil

Selon la candidate, les 4 000 autres solutions d’accueil correspondraient à des places de garde d’enfants à domicile. La candidate prévoit de favoriser cette solution de garde en élargissant l’accès à l’allocation Paris Petit à Domicile (PAPADO). Délivrée par le centre d’action sociale de la ville de Paris (CASVP), cette allocation est versée en complément de la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) pour les familles faisant garder à domicile un enfant de moins de trois ans, sous condition de ressources.

  • Éléments comparables : Selon la candidate, la prestation PAPADO a bénéficié en 2013 à 934 familles, pour un coût total de 1,34 M€, soit 1 435€ par famille et par an. Ces données, bien qu’elles ne soient pas publiques, sont cohérentes avec les données publiques disponibles pour les années antérieures relatives au nombre de bénéficiaires de la prestation 5 et aux dépenses annuelles du CASVP pour cette prestation 6. Ces données font apparaître un coût par famille de 1 317€ en 2007, 1 300€ en 2008 et 1 242€ en 2009.
  • Estimation du coût : Si l’on retient un coût moyen par famille de 1 300€ par an, et que la prestation bénéficie à 3000 familles supplémentaires pour porter à 4 000 le nombre de bénéficiaires, le coût annuel supplémentaire s’élèverait à 3,9 M€ par an, soit 23,4 M€ au total sur la mandature si cette réforme est mise en œuvre dès la première année. Ce chiffrage représenta par ailleurs plutôt un minorant, dans la mesure où la candidate a également affirmé dans son programme qu’il « est indispensable de revaloriser l’allocation Paris petit à domicile (PAPADO) », sans préciser toutefois dans quelles proportions.


Il convient de préciser que la proposition de la candidate, si elle conduira à alléger la charge financière des familles recourant à la garde d’enfants à domicile, ne constituerait pas pour autant à proprement parler la création de 4 000 solutions de gardes d’enfants supplémentaires. En effet, l’offre disponible à Paris pour la garde d’enfants à domicile peut elle-même avoir ses contraintes. Le nombre d’enfants concernés par une garde à domicile s’établissait au 31 décembre 2012 à 11 945, en légère baisse par rapport à la même période de l’année 2011 (12 031 enfants étaient gardés à domicile à cette date). L’augmentation de la solvabilité des familles en demande de garde pourrait conduire à stimuler en retour l’offre de garde à domicile, mais le lien entre une mesure politique stimulant la demande et la capacité d’offre de garde n’est pas nécessairement symétrique.
 


1. Cour des comptes, L’accueil des enfants de moins de 3 ans : une politique ambitieuse, des priorités à mieux cibler, rapport public thématique, novembre 2013.


2. Selon le rapport financier 2009 de la ville, 49 M€ ont été consacré à la petite enfance, permettant la création de 792 places de crèche, soit un coût unitaire de 62 000 € par place. Selon le rapport annuel pour 2012, 43 M€ ont été consacré à la politique de la petite enfance et ont permis l’ouverture de 657 nouvelles places, soit un coût unitaire de 87 000 € par place. Le même calcul reproduit chaque année de la mandature conduit au montant moyen de 76 209 € par place.

 


3. Lors de la mission d’information et d’évaluation sur l’engagement de la collectivité parisienne auprès des familles en matière d’accueil des jeunes enfants de moins de 3 ans (2009), le coût d’investissement à la place variait entre 62 600 € (crèche de 66 places) et 70 454 € (crèche de 44 places), soit une moyenne de 66 650 € par place, correspondant à une valeur de 2009 (page 71 du rapport).

 


4. Selon le compte-rendu du comité de suivi des 4 500 places d’accueil des jeunes enfants de décembre 2012


 

5. Disponibles pour les années 2005 à 2009

 


6. Ces dépenses sont retracées, pour les années 2007 à 2009, dans le rapport d’observations définitives du 5 février 2012 de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France sur le centre d’action sociale de la ville de Paris

 

SOURCES

  • Comptes administratifs et rapports financiers de la ville de Paris entre 2008 et 2012;
  • Compte-rendu du comité de suivi des 4 500 places d’accueil des jeunes enfants  de décembre 2012;
  • Rapport de la Cour des comptes sur l’accueil des enfants de moins de 3 ans, une politique ambitieuse, des priorités à mieux cibler (novembre 2013) ;
  • Rapport de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France sur le centre d’action sociale de la ville de Paris ;
  • Données de l’observatoire des familles de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR).