< Retour
19/03/2014

"Cette mandature sera celle des choix financiers"

Les Echos

Après avoir passé au crible la situation financière des dix plus grandes villes, l’Institut Montaigne a examiné et chiffré les programmes de leurs deux principaux candidats au fauteuil de maire. Un regard inédit sur les municipales, dont le directeur de l’Institut Montaigne, Laurent ­Bigorgne, livre, à quatre jours du ­premier tour, les principaux ­enseignements.

Quel constat dressez-vous de la situation financière des dix grandes villes ?
Le principal enseignement de cet audit, c’est qu’elles sont toutes, à peu de choses près, dans une situation financière relativement saine. Avec toutefois des réserves pour Marseille et Lille dont les comptes sont plus préoccupants. Ce sont des villes dynamiques, qui ont beaucoup investi en s’appuyant sur les dotationsDotations L’État verse aux collectivités territoriales, dont les communes, plusieurs dotations. Ce sont des transferts financiers de l’État vers les communes, représentant la deuxième ressource financière des communes après les impôts locaux. Elles comprennent principalement la dotation globale de fonctionnement, créée en 1979 pour contribuer au financement des dépenses courantes des villes, les dotations d’équipement et des dotations spéciales. L’État a décidé un gel puis une baisse de ces dotations à compter de 2014, dans le cadre de sa politique d’économies budgétaires. de l’Etat, sur un fort recours au levier fiscal, et sur une hausse de l’endettement. Nous arrivons à la fin de ce modèle de gestion et l’écosytème financier des collectivités locales va changer. Les concours de l’Etat vont baisser, – on parle de 10 milliards en moins –, le recours au levier fiscal sera plus difficile – étant donné qu’il n’ y a plus de croissance depuis 2008 – et il n’y aura plus autant de cofinancement des autres collectivités locales. Or, personne ne semble avoir anticipé ce changement dans son programme ! Cette mandature sera une mandature de choix financiers, mais personne n’en parle. D’ailleurs, et c’est marquant dans les programmes que nous avons analysé, on sent bien que les élus ne sont pas à l’aise avec l’idée de transparence. Ils vont devoir s’y mettre, car avec l’ « open data  » tout va changer.